Togo/Décès de l’ancien premier ministre Me Agboyibo : Retour sur le parcours de « l’homme prévoyant »
L’annonce du décès de Me Yaovi Agboyibo a secoué le monde politique togolais. Avocat et homme politique, la carrière du natif de Yoto constitue une lutte dont tout jeune juriste ou acteur politique pourrait s’inspirer. Retour sur le parcours du président du parti du bélier noir.
Président Fondatuer du Comité d’Action pour le Renouveau, Me Yaovi Agboyibo a été l’un des acteurs de l’enracinement de la démocratie au Togo. En effet, il réussit à négocier avec le président de la République Gnassingbé Eyadema une amnistie pour les exilés et une charte pour les regroupements politiques. En 1991, alors qu’il était député à l’Assemblée Nationale, Il a su convaincre le président Eyadema de créer la commission nationale des droits de l’homme, commission qu’il dirigera dès ses premières années.
Me Yaovi Agboyibo était un opposant à la dictature du président Eyadema. Sa soif du changement l’a amené à créer le Comité d’action pour le renouveau en 1991. En 1993, pour protester contre l’invalidation de la candidature de l’opposant radical Gilchrist Olympio à l’élection présidentielle, Agboyibo et le CAR décident de boycotter le scrutin. Gnassingbé Eyadema est facilement réélu. Un an plus tard, le CAR obtient 36 sièges sur 81 au Parlement. Le poste de premier ministre revient cependant à Edem Kodjo dont le parti a obtenu 7 sièges qui s’est allié au RPT pour former la majorité parlementaire.
En 1998, il obtint 9,5% à l’élection présidentielle. Une nouvelle crise voulait naitre avec la contestation de Gilchrist Olympio alors deuxième à l’issue du scrutin. Pour résoudre cette nouvelle crise politique, l’opposition, dont Agboyibo, et le parti au pouvoir signent en juillet 1999 l’Accord-cadre de Lomé.
Il occupera également le poste de premier ministre en Septembre 2006 sous le règne de Faure Gnassingbé, fils du président Eyadema décédé en 2005. Il est l’artisan de la signature de l’Accord Politique Globale entre les protagonistes de la crise née de l’avènement au pouvoir de Faure Gnassingbé.
Il quitte la tête de son parti en 2008, mais reviendra plus tard en 2016 pour le diriger de nouveau.
La crise politique de 2017
Alors que le pays était de nouveau secoué par une crise menée par le parti national panafricain, le Car et d’autres regroupements politiques se joignent au parti de Tikpi Atchadam pour créer la Coalition des 14 (C14). Ils seront amenés à la table du dialogue avec le gouvernement. Dialogue tant attendu, il sera très vite fermé quand la CEDEAO aura invité les différents protagonistes aux urnes. En un homme averti, Agboyibo n’a pas caché sa désillusion quand les questions de réformes de la CENI ne seront pas abordées, car malgré les contestations la Commission Nationale Électorale Indépendante continuait de fonctionner. Il qualifia ce dialogue de ’’marché de dupe’’ car les réelles questions ne sont pas abordées.
Comme le CAR, la C14 ne participera pas aux élections législatives de 2018. 2 ans plus tard aux dernières élections présidentielles, le parti de Me Yaovi Agboyibo ne participera pas non plus, et demandera à son représentant de quitter la CENI.
Me Yaovi Agboyibo s’en va laissant derrière lui un parcours d’un homme toujours prévoyant.