Thomas Dietrich, journaliste français indépendant, fait les gros titres actuellement après son expulsion du Togo. Sa brève visite dans le pays s’est terminée par une série d’événements qui ont attiré l’attention des médias et des organisations de défense de la liberté de la presse.
Le journaliste, affilié au média français Afrique XXI, avait l’intention de couvrir l’actualité politique au Togo, notamment les élections législatives en cours et les manifestations liées à la nouvelle Constitution togolaise. Cependant, son séjour a été écourté de manière abrupte lorsque les autorités togolaises l’ont arrêté, l’accusant d’être entré illégalement dans le pays.
Selon les informations de Reporters sans frontières (RSF), la demande de e-visa de Dietrich avait été approuvée, et son passeport avait été tamponné à la frontière béninoise à son arrivée le 13 avril. Cependant, les autorités togolaises ont une version différente des événements. Selon le vice-président de la HAAC, Octave Olympio, le journaliste avait un visa touristique et aurait tenté d’entrer au Togo par des moyens non autorisés, suscitant des accusations de “manoeuvres délibérées tendant à masquer sa réelle profession”.
Le 15 avril, Dietrich s’est rendu à la Haute Autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC) pour obtenir son accréditation pour couvrir les élections. Cependant, cette demande a été refusée, car il aurait dû l’obtenir en même temps que son visa, selon les autorités. Peu de temps après, il a été arrêté par les services de renseignement et remis à la police.
Le mardi suivant, Dietrich a été jugé rapidement et condamné à six mois de prison avec sursis pour entrée illégale au Togo. De plus, il lui est désormais interdit d’entrer sur le territoire togolais, et il a été expulsé vers le Bénin.
Qui est Thomas Dietrich ?
Diplômé de Science Po Paris, Thomas Dietrich a vécu et travaillé dans plusieurs pays africains. Le continent (et en particulier la République Centrafricaine) est d’ailleurs le cadre de son premier roman, Là où la terre est rouge (Albin Michel, 2014), Prix Folire, finaliste du prix Emmanuel Roblès, du prix Senghor et du prix de la Vocation, sélectionné pour le prix Landerneau, le prix littéraire ENS Cachan, le prix du premier roman de Chambéry et le prix du jeune romancier.
Thomas Dietrich est le porte-parole d’un mouvement d’opposition tchadien, le Mouvement du 3 février, qui entend poursuivre l’action pacifique du leader disparu de l’opposition démocratique, Ibni Oumar Mahamat Saleh. Le 17 avril 2016, alors qu’il était venu apporter son soutien à l’opposition et à la société civile tchadiennes à l’occasion des élections présidentielles, Thomas Dietrich est arrêté à Ndjamena (capitale du Tchad) par la police politique du régime, l’Agence nationale de sécurité (ANS). Il est expulsé le lendemain vers le Cameroun sur décision du Ministre de la sécurité publique, non sans avoir été physiquement maltraité12. En décembre 2016, il est à nouveau arrêté, mais cette fois au nord du Niger, à Agadez. Les autorités nigériennes, en bons termes avec Idriss Deby, disent vouloir l’empêcher de ”déstabiliser le Tchad”.
Il a également été expulsé mars 2020 de Conakry après s’être livré à des activités incompatibles avec sa mission d’une part et s’est immiscé dans les activités politiques internes susceptibles de porter atteinte à l’ordre public d’autre part.