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Affaire des Réserves administratives à Lomé : les occupants entre crainte et espoir

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Les opérations d’identification et de sécurisation des réserves administratives se poursuivent dans le Grand Lomé. Conformément au communiqué conjoint des ministères de l’Administration territoriale, des Finances et de l’Urbanisme rendu public le 19 novembre 2024, les occupants illégaux disposent d’un an pour libérer ces domaines appartenant à l’État.

Depuis le 1er octobre 2025, des équipes techniques mandatées par les autorités sillonnent les treize communes du Grand Lomé pour implanter des panneaux géants sur les sites concernés. Il s’agit de matérialiser clairement les réserves administratives et prévenir toute nouvelle occupation anarchique.

Le ministre de l’Administration territoriale, de la Gouvernance locale et des Affaires coutumières, Awaté Hodabalo, rappelle dans son communiqué que cette démarche vise à ‘’sécuriser les domaines publics’’ en attendant la fin du délai imparti. Il précise que certains occupants se déclarent pourtant détenteurs de titres légaux.

« J’invite les services techniques communaux à recueillir les documents de tous ceux qui estiment occuper légalement lesdites réserves », écrit-il, mentionnant notamment les arrêtés d’attribution, de cession ou de bail, ainsi que les plans parcellaires comportant les coordonnées UTM.

 

Des habitants se disent “légitimes”

Sur le terrain, les réactions varient selon les localités. À Sagbado, dans la commune du Golfe 7, plusieurs habitants affirment avoir acquis leurs terrains « en toute légalité ».

« J’ai acheté ma parcelle en 2012 auprès d’un propriétaire reconnu qui avait un titre foncier. Après la mutation, nous avons également effectué des démarches pour avoir notre titre foncier que nous détenons aujourd’hui », explique Kossi A., un commerçant dont la maison est désormais marquée d’un panneau “Réserve administrative de l’État”.

« C’est seulement maintenant qu’on nous dit que nous sommes sur un domaine public. C’est incompréhensible », ajoute-t-il.

Plus loin, Akouvi, institutrice à la retraite, confie son désarroi.

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« Toute ma retraite est partie dans la construction de cette maison. Si c’est une réserve de l’État, que va-t-on devenir ? Nous demandons simplement que l’État nous écoute. »

De l’autre bout de la ville, précisément à Avépozo, dans la commune du Golfe 6, certains riverains reconnaissent l’importance de la démarche de l’État, tout en appelant à plus de transparence.

« C’est bien de vouloir protéger les terrains publics, mais il faut que les autorités vérifient cas par cas », estime Élom K., un menuisier. « Beaucoup d’entre nous ont des reçus, des plans visés, voire des lettres d’attribution. Nous voulons juste être mieux fixés. »

 « Les gens ici ont peur. Quand on voit ces grands panneaux, on a l’impression qu’on va tout perdre du jour au lendemain », confie une habitante rencontrée à Avépozo Kpota.

 

Vers un processus de vérification des documents

Face à ces inquiétudes, le ministère appelle les communes concernées à mettre en place des cellules techniques de collecte pour examiner les dossiers des occupants. Les dépôts des pièces justificatives (arrêtés, baux, contrats ou plans cadastraux) devront être ouverts prochainement, selon les modalités à préciser par chaque mairie.

En attendant, les équipes continuent d’implanter les plaques d’identification sur les réserves administratives du Grand Lomé. Une étape clé dans la politique de gestion foncière de l’État, souvent confrontée à la prolifération de lotissements illégaux et de ventes frauduleuses.

Il s’agit à la fois de protéger le patrimoine public et de garantir les droits des citoyens qui affirment avoir respecté les procédures. Le dialogue entre l’État et les populations locales s’annonce donc déterminant pour éviter les tensions et parvenir à une solution équilibrée.

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