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Atilamonou (Golfe 5) : une décharge sauvage au cœur des habitations, les riverains à bout de souffle

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Dans le quartier Atilamonou, situé dans la commune du Golfe 5 à Lomé, les habitants vivent un enfer quotidien causé par une décharge sauvage tolérée depuis plus d’un an. Entre silence institutionnel, risques sanitaires majeurs et sentiment d’abandon, la colère gronde.

Au cœur d’Atilamonou, la vie des habitants est rythmée par les allées et venues des tricycles et camions déversant quotidiennement des déchets ménagers dans une zone résidentielle. Ce dépotoir illégal, installé à seulement quelques centaines de mètres de certaines habitations et d’une retenue d’eau en chantier, est aujourd’hui devenu un véritable foyer d’insalubrité et d’insécurité, dans un silence pesant des autorités locales, rapporte le journal Canal D.

Une décharge tolérée sous couvert de légalité

Tout a commencé en 2024, lorsque le projet de construction d’une retenue d’eau confié à l’entreprise EBOMAF prend du retard. Le site, libéré après le départ d’une église, est rapidement investi par des déchets. Très vite, une décharge sauvage se forme, alimentée aussi bien par des collecteurs informels que par des pré-collecteurs agréés par la mairie du Golfe 5.

Malgré les plaintes répétées des riverains, adressées à la mairie en novembre 2024, puis directement à la gouverneure du District Autonome du Grand Lomé (DAGL) en janvier 2025, aucune réponse concrète n’a été donnée. La mairie reconnaît que la décharge se trouve sur son territoire, mais renvoie le dossier au DAGL, qui à son tour garde le silence.

Un semblant d’action… puis le statu quo

Fin juin 2025, un léger espoir renaît lorsque des panneaux municipaux interdisant le dépôt d’ordures sont installés, assortis d’une amende de 25 000 FCFA. Les habitants pensent alors avoir été entendus. Mais leur joie est de courte durée : l’interdiction ne vise que les collecteurs non reconnus par la mairie, tandis que les collecteurs agréés continuent d’opérer librement, avec la bénédiction implicite des autorités locales.

« Les tricycles continuent de venir, parfois avec des agents se disant envoyés par la mairie », dénonce une habitante.
Pour beaucoup, la mairie perçoit des taxes des pré-collecteurs au détriment de la santé des résidents.

Un drame sanitaire et social en gestation

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L’impact sur la santé publique est alarmant. Le quartier n’étant pas raccordé au réseau de la Togolaise des Eaux (TDE), les habitants dépendent de forages individuels pour leur eau potable. La proximité de la décharge augmente considérablement les risques de pollution de la nappe phréatique.

Les nuisances ne s’arrêtent pas là : odeurs pestilentielles, invasion de mouches, air contaminé, sans compter la présence récurrente d’individus suspects dans les environs, chassés une première fois par les forces de l’ordre en décembre 2024. La crainte des cambriolages et de l’insécurité est désormais omniprésente.

Des autorités silencieuses face à une population abandonnée

Ce qui révolte le plus les habitants d’Atilamonou, c’est le mutisme institutionnel. Malgré des relances, des lettres et des démarches multiples, ni la mairie de Golfe 5 ni le DAGL n’ont engagé de mesures concrètes pour mettre fin à cette situation.

« Nous avons l’impression d’être sacrifiés. Nos plaintes ne comptent pas. Tant que cela rapporte à certains, rien ne bougera », regrette un habitant. Une colère sourde gronde, doublée d’un désespoir croissant. Pour beaucoup, c’est le développement à deux vitesses, où l’intérêt économique prime sur la dignité et la santé des citoyens.

Un appel urgent à la responsabilité

Avec l’arrivée de la saison des pluies, les risques d’épidémies deviennent plus élevés que jamais. Le statu quo ne peut plus durer. Il est impératif que les autorités compétentes – mairie de Golfe 5 et District Autonome du Grand Lomé – prennent des mesures immédiates pour fermer la décharge sauvage, assainir la zone et garantir la sécurité sanitaire et sociale des populations.

Si rien n’est fait, Atilamonou risque de devenir l’exemple dramatique d’un échec de gouvernance locale, où la vie humaine pèse moins que les intérêts financiers.

Un précédent : Agbalépédo, un exemple d’espoir

Pourtant, l’histoire récente d’Agbalépédo montre qu’un autre scénario est possible. Dans ce quartier de la commune Golfe 5 toujours, une situation similaire s’est produite il y a quelques mois. Une décharge sauvage s’est installée et qui a compliqué la vie dans la zone. Là aussi, les autorités ont d’abord brillé par leur silence. Mais grâce à la mobilisation déterminée des riverains, le site a fini par être dégagé.

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