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Journée mondiale de la santé mentale : Human Rights Watch appelle à soutenir les personnes ayant survécu à des conflits

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Les gouvernements, les agences des Nations Unies et les organisations humanitaires devraient agir concrètement pour développer le soutien psychosocial aux personnes affectées par des conflits armés et investir dans de telles mesures, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Conformément au thème de la Journée mondiale de la santé mentale 2022, le 10 octobre, « faire de la santé mentale pour tous une priorité mondiale », il faudrait mettre l’accent sur des services communautaires, respectueux des droits, que ce soit dans les pays en conflit ou ceux où des personnes cherchent refuge.

 

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Les violences liées aux conflits peuvent entraîner une détresse psychologique, de la dépression, de l’anxiété, voire un stress post-traumatique. Les recherches de Human Rights Watch dans des pays comme l’Afghanistan, le Cameroun, l’Éthiopie, l’Irak, la République centrafricaine, le Soudan du Sud et la Syrie , ainsi qu’à Gaza, montre que les habitants – en particulier les femmes et les personnes handicapées – y sont souvent confrontés à de nombreux obstacles pour bénéficier de services de santé mentale.

 

« Alors que des millions de personnes du monde entier subissent les impacts dévastateurs de la guerre sur leur santé mentale, très peu d’entre elles reçoivent le soutien dont elles ont besoin », a déclaré Shantha Rau Barriga, directrice de la division Droits des personnes handicapées à Human Rights Watch. « Comme nous le rappelle la guerre en Ukraine, les gouvernements et les organisations humanitaires devaient reconnaître que la santé mentale est une priorité et faire en sorte que des services de soutien psychosocial soient dispensés à toutes les personnes affectées par les conflits. »

 

Le Sommet mondial sur la santé mentale, qui se tiendra les 13 et 14 octobre à Rome, sera l’occasion pour les dirigeants d’affirmer l’impact des conflits armés en matière de santé mentale et de s’engager à fournir un soutien psychosocial approprié à tous ceux et celles que cela concerne, y compris aux femmes et aux personnes handicapées. Les gouvernements, les donateurs et les organisations d’aide humanitaire devraient privilégier des services communautaires et respectueux des droits qui mettent en avant l’autonomie et la dignité des personnes.

 

On estime qu’environ 22 % des personnes vivant dans les zones affectées par les conflits armés ont des problèmes de santé mentale, alors qu’elles sont 13 % dans la population générale. Pourtant les services disponibles sont souvent insuffisants.

 

En Syrie, où 7,5 millions d’enfants et d’adolescents ont actuellement besoin de soutien psychologique, les parents interrogés par Human Rights Watch ont décrit l’impact dévastateur qu’avait le conflit sur la santé mentale de leurs enfants. Toutes ces personnes, sauf une, ont affirmé que leurs enfants n’avaient accès à aucun soin de santé mentale et aucun service de soutien psychosocial.

 

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Le père d’un garçon de 13 ans ayant un handicap de développement a témoigné : « Cette situation l’a rendu plus renfermé. Il reste assis tout seul, il ne veut pas interagir avec les autres enfants. » Le père d’un garçon de dix ans présentant un handicap intellectuel a expliqué lui aussi que les multiples attaques militaires dans la région avaient particulièrement affecté son fils : « Il a beaucoup changé. Il a tout le temps peur, même quand c’est quelque chose dont il ne devrait pas avoir peur. »

 

En Afghanistan, qui a été dévasté par 40 ans de conflit armé, on estime que plus de la moitié de la population, y compris de nombreuses personnes ayant survécu à la violence des conflits, éprouvent des sentiments de dépression, d’anxiété ou de stress post-traumatique, mais que moins de 10 % seulement reçoivent un soutien psychosocial adéquat de l’État, d’après les documents du gouvernement précédent.

 

Un homme qui avait 23 ans lorsque Human Rights Watch l’a interrogé en 2019 ne s’est pas vu proposer d’aide psychologique après un attentat-suicide à la bombe qui avait tué au moins 20 personnes. On a soigné ses blessures à l’hôpital militaire, mais « personne ne m’a demandé comment je me sentais dans ma tête », a-t-il déclaré. « Ils n’ont soigné que mon corps. » Deux ans après, il a cherché de l’aide, mais le traumatisme demeure : « J’ai toujours des flashbacks, la nuit je ne peux pas dormir. Je m’énerve facilement, [surtout] lorsque les gens font du bruit. Mais je gardais toute cette colère en moi, et j’étais très triste. Je ne sais pas quel genre de traitement devrait être dispensé, mais il devrait y avoir quelqu’un qui demande de quoi on a besoin. »

 

La guerre en cours en Ukraine a déjà eu de profondes conséquences sur la santé mentale des personnes affectées, y compris celles qui ont réussi à s’enfuir pour être en sécurité. Les besoins demeurent élevés en Ukraine et dans d’autres situations de crise qui ont moins attiré l’attention, le soutien psychosocial est souvent négligé.

 

À l’échelle mondiale, ce sont plus de 100 millions  de personnes qui ont été déplacées par force, dont des personnes réfugiées, demandeuses d’asile et déplacées internes. Outre le fait qu’elles sont subissent les répercussions psychologiques des événements traumatisants qui poussent les gens à quitter leurs foyers, les recherches montrent que souvent les personnes déplacées de force ressentent aussi une grande détresse pendant et après leur fuite, lorsqu’elles s’adaptent à un nouvel endroit.

 

Les pays d’accueil ont l’obligation de leur fournir une aide psychosociale dans le cadre de leur engagement international en faveur du droit à la santé. Ce point est reconnu par des traités internationaux relatifs aux droits humains, comme le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC) et la Convention relative aux droits des personnes handicapées (CDPH).

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