Depuis septembre 2022, MTN, l’opérateur téléphonique sud-africain, est engagé dans un conflit avec le milliardaire camerounais Baba Danpullo. Ce dernier a entrepris une procédure de saisie des comptes de MTN au Cameroun en réponse à la saisie de ses propres avoirs en Afrique du Sud. Afin de résoudre cette situation, MTN a lancé un lobbying auprès de la présidence camerounaise.
MTN Cameroun, filiale de MTN, prévoit d’adresser une correspondance d’une dizaine de pages aux autorités camerounaises cet été. Cette correspondance sera envoyée à la primature, à la présidence et au ministère de la justice, et présentera les arguments de MTN dans le litige judiciaire avec Baba Danpullo. Par ailleurs, la directrice générale de MTN Cameroun, Mitwa Ng’ambi, a déjà envoyé une copie informelle de ces arguments à Jean-Claude Ayem Moger, conseiller économique de Paul Biya et expert des dossiers sensibles.
En septembre 2022, Baba Danpullo a obtenu du tribunal de Douala une procédure de saisie des comptes de plusieurs sociétés camerounaises, dont MTN Cameroun, pour un montant de plus de 257 milliards de francs CFA (425 millions de dollars). Il s’agit d’une riposte à la saisie de ses propres fonds en Afrique du Sud en 2021. La société sud-africaine de Danpullo, Bestinver, a été placée en liquidation judiciaire et une partie de ses actifs a été vendue et saisie par la Firstrand Bank.
L’argumentation développée par MTN remet en question la version de Baba Danpullo sur ses déboires sud-africains. MTN conteste notamment la valeur des actifs immobiliers de Danpullo et souligne que celui-ci ne peut procéder à des saisies au nom de Bestinver qui est en liquidation. De plus, MTN rappelle que Danpullo lui-même a admis devant la justice sud-africaine avoir accumulé des échéances impayées.
Malgré les actions judiciaires engagées par MTN, l’opérateur considère que celles-ci sont inefficaces face à l’influence politique du milliardaire. Baba Danpullo était proche de l’ancienne première dame du Cameroun et est l’un des principaux donateurs du parti présidentiel, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC).
Envisageant d’autres recours, MTN envisage également de saisir la cour d’arbitrage de l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA), basée à Abidjan.